3 février 2009
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Divorcée à l’âge de 10 ans Mariée de force, violée et battue par son époux, cette jeune Yéménite a eu la chance d’être entendue par un juge compréhensif.
En avril dernier, la petite Nujoud Ali, âgée de 10 ans, s’est rendue elle-même devant un tribunal pour demander le divorce, créant un précédent dans la justice yéménite. “Ce n’est que le début”, estime Shada Nasser, l’avocate de la petite fille. La pratique des mariages précoces est défendue par les musulmans conservateurs les plus intransigeants, dont l’influence s’est considérablement accrue au cours des vingt dernières années, au motif que le prophète Mahomet avait lui-même épousé une petite fille de 9 ans. Le mariage des enfants est profondément enraciné dans la culture locale. C’est Nujoud, une petite fille aux yeux pétillants d’à peine 1,20 m, qui a mis la question sur le devant de la scène. Son calvaire a commencé en février, lorsque son père l’a emmenée de Sanaa, la capitale, jusqu’à son village natal pour la marier. On ne lui avait pas clairement expliqué ce qui l’attendait. “J’avais très peur, j’étais très inquiète”, se souvient Nujoud, qui s’exprime d’une voix douce et enfantine, assise en tailleur sur le sol du foyer familial, un trois pièces dépouillé. “Je voulais rentrer chez moi.” A mesure qu’elle raconte son histoire, Nujoud prend progressivement de l’assurance, affichant un sourire timide comme si elle se retenait de rire. Plus tard, elle enlèvera son voile, révélant ses longs cheveux bruns. Les ennuis commencent dès la première nuit : son mari, un homme de 30 ans du nom de Faez Ali Thamer, la déshabille à peine les lumières éteintes. Elle s’enfuit de la chambre en pleurant, mais il la rattrape, la ramène et la viole. Plus tard, il la battra aussi. “Je détestais vivre avec lui”, explique Nujoud, le regard vissé au sol devant elle. Son père, Ali Muhammad Al-Ahdal, un homme décharné, à l’air brisé, a travaillé comme balayeur, mais, aujourd’hui, lui et sa famille mendient pour vivre. Il a eu seize enfants de deux épouses différentes. La pauvreté est l’une des raisons qui poussent tant de familles yéménites à marier leurs enfants précocement. Il y a aussi la crainte de voir les filles enlevées et mariées de force. Mais ce qui pèse plus que tout, comme l’a montré une étude approfondie des mariages précoces publiée par l’université de Sanaa en 2006, ce sont le poids de la tradition et la conviction qu’il est plus facile de transformer une jeune vierge en épouse soumise. Nujoud s’est plainte à de nombreuses reprises auprès de la famille de son mari, puis, lorsque les “jeunes mariés” sont revenus à Sanaa, à ses propres parents. Mais tout le monde lui répondait qu’il n’y avait rien à faire. Rompre le mariage, c’est la honte pour la famille. Puis son oncle lui a conseillé d’aller au tribunal. Le 2 avril, raconte-t-elle, elle est sortie de chez elle et a hélé un taxi. C’était la première fois qu’elle sortait seule, et elle avait peur. En arrivant au tribunal, on lui dit que le juge est occupé ; elle s’assoit sur un banc et attend. Tout d’un coup, il est là devant elle, impressionnant dans sa robe noire. “Tu es mariée ?” lui demande le juge, choqué. Les séances sont terminées pour la journée, et le magistrat lui propose de venir passer la nuit dans sa famille. Là-bas, elle reste collée des heures devant la télévision, un objet qu’elle n’a pas chez elle. Une semaine plus tard, quand l’affaire de Nujoud passe au tribunal, la salle d’audience est pleine de journalistes et de photographes avertis par l’avocate de la petite fille. Son père et son mari sont présents : le juge les a fait incarcérer la veille pour s’assurer qu’ils seraient là (ils seront relâchés le lendemain). “Demandes-tu une séparation ou un divorce permanent ?” l’interroge le juge après avoir écouté son témoignage, ainsi que ceux de son père et de son mari. “Je veux un divorce permanent”, répond-elle sans hésitation. Accordé par le juge. Après la décision de justice, Nujoud vivra quelque temps chez son oncle avant de demander à rentrer chez son père. “Je lui ai pardonné”, dit-elle. La petite fille jure qu’elle ne se remariera jamais ; elle veut devenir avocate spécialiste des droits de l’homme, comme Shada Nasser, ou bien journaliste.
Robert F.
Artcile paru dans "Courrier international"
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=88119
Moi, Nojoud, 10 ans, divorcée Editions Michel Lafon 286 pages -
18 euros
Paru le 22 janvier 2009
En avril dernier, la petite Nujoud Ali, âgée de 10 ans, s’est rendue elle-même devant un tribunal pour demander le divorce, créant un précédent dans la justice yéménite. “Ce n’est que le début”, estime Shada Nasser, l’avocate de la petite fille. La pratique des mariages précoces est défendue par les musulmans conservateurs les plus intransigeants, dont l’influence s’est considérablement accrue au cours des vingt dernières années, au motif que le prophète Mahomet avait lui-même épousé une petite fille de 9 ans. Le mariage des enfants est profondément enraciné dans la culture locale. C’est Nujoud, une petite fille aux yeux pétillants d’à peine 1,20 m, qui a mis la question sur le devant de la scène. Son calvaire a commencé en février, lorsque son père l’a emmenée de Sanaa, la capitale, jusqu’à son village natal pour la marier. On ne lui avait pas clairement expliqué ce qui l’attendait. “J’avais très peur, j’étais très inquiète”, se souvient Nujoud, qui s’exprime d’une voix douce et enfantine, assise en tailleur sur le sol du foyer familial, un trois pièces dépouillé. “Je voulais rentrer chez moi.” A mesure qu’elle raconte son histoire, Nujoud prend progressivement de l’assurance, affichant un sourire timide comme si elle se retenait de rire. Plus tard, elle enlèvera son voile, révélant ses longs cheveux bruns. Les ennuis commencent dès la première nuit : son mari, un homme de 30 ans du nom de Faez Ali Thamer, la déshabille à peine les lumières éteintes. Elle s’enfuit de la chambre en pleurant, mais il la rattrape, la ramène et la viole. Plus tard, il la battra aussi. “Je détestais vivre avec lui”, explique Nujoud, le regard vissé au sol devant elle. Son père, Ali Muhammad Al-Ahdal, un homme décharné, à l’air brisé, a travaillé comme balayeur, mais, aujourd’hui, lui et sa famille mendient pour vivre. Il a eu seize enfants de deux épouses différentes. La pauvreté est l’une des raisons qui poussent tant de familles yéménites à marier leurs enfants précocement. Il y a aussi la crainte de voir les filles enlevées et mariées de force. Mais ce qui pèse plus que tout, comme l’a montré une étude approfondie des mariages précoces publiée par l’université de Sanaa en 2006, ce sont le poids de la tradition et la conviction qu’il est plus facile de transformer une jeune vierge en épouse soumise. Nujoud s’est plainte à de nombreuses reprises auprès de la famille de son mari, puis, lorsque les “jeunes mariés” sont revenus à Sanaa, à ses propres parents. Mais tout le monde lui répondait qu’il n’y avait rien à faire. Rompre le mariage, c’est la honte pour la famille. Puis son oncle lui a conseillé d’aller au tribunal. Le 2 avril, raconte-t-elle, elle est sortie de chez elle et a hélé un taxi. C’était la première fois qu’elle sortait seule, et elle avait peur. En arrivant au tribunal, on lui dit que le juge est occupé ; elle s’assoit sur un banc et attend. Tout d’un coup, il est là devant elle, impressionnant dans sa robe noire. “Tu es mariée ?” lui demande le juge, choqué. Les séances sont terminées pour la journée, et le magistrat lui propose de venir passer la nuit dans sa famille. Là-bas, elle reste collée des heures devant la télévision, un objet qu’elle n’a pas chez elle. Une semaine plus tard, quand l’affaire de Nujoud passe au tribunal, la salle d’audience est pleine de journalistes et de photographes avertis par l’avocate de la petite fille. Son père et son mari sont présents : le juge les a fait incarcérer la veille pour s’assurer qu’ils seraient là (ils seront relâchés le lendemain). “Demandes-tu une séparation ou un divorce permanent ?” l’interroge le juge après avoir écouté son témoignage, ainsi que ceux de son père et de son mari. “Je veux un divorce permanent”, répond-elle sans hésitation. Accordé par le juge. Après la décision de justice, Nujoud vivra quelque temps chez son oncle avant de demander à rentrer chez son père. “Je lui ai pardonné”, dit-elle. La petite fille jure qu’elle ne se remariera jamais ; elle veut devenir avocate spécialiste des droits de l’homme, comme Shada Nasser, ou bien journaliste.
Robert F.
Artcile paru dans "Courrier international"
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=88119
Moi, Nojoud, 10 ans, divorcée Editions Michel Lafon 286 pages -
18 euros
Paru le 22 janvier 2009
NB. A l'attention particulière des démocrates islamiques (comme on dit aujourd'hui démocrates chrétiens (ex MRP dite Machine à Ramasser les Pétainistes. Verra-t-on sous peu une Machine à Ramasser les fascistes verts et leurs affidés?), un de nos prochains articles sera consacré (si nous l'osons écrire!) à la fraternité Saint Pie X, dont l'un des séides vient faire preuve d'un négationisme qui révèle, par son silence à peine géné, la complicité de l'Eglise de Pie XII et de Benoît Ratzinger, dans le second conflit mondial).